"La psychanalyse n'est pas un moyen de se faire aimer" ...
Freud : lettre à Arthur Schnitzler
Biographie
On ne naît pas psychanalyste, bien sûr....Mais on peut le devenir et l'être, de temps en temps pour un analysant sous transfert, en séance, au terme d'un assez long parcours sinueux de maturations, d'ouvertures et de réaménagements internes rarement linéaire ...
Je découvre avec étonnement et admiration, par mes lectures, l'univers de la psychanalyse au service militaire, après deux années de MPC en fac des sciences à Marseille St-Charles. Au Lycée, en "Math Elem" en 1963, je n'avais eu droit qu'à de la philosophie des sciences.
Puis, je la retrouve à Aix en fac de psycho où je vais préparer le diplôme de psychologie scolaire en 1976 après le purgatoire d'une sorte de "choc" de 8 ans d'enseignement spécialisé comme "suppléant éventuel" puis "remplaçant" auprès d'enfants et d'adolescents dits déficients intellectuels légers (classe de perfectionnement) dans un internat public à caractère social pour des enfants, dits "cas sociaux", séparés de leur famille ou placés en famille d'accueil.
J'exerce alors la psychologie au début en GAPP (1) en Avignon comme psychologue de l'éducation nationale, titulaire d'une licence, d'une maîtrise de psychologie et d'un diplôme de psychologie scolaire de l'université d'Aix-Marseille 1.
Puis, en CMPP (1 bis), comme Psychologue Clinicien et psychothérapeute titulaire d'un diplôme universitaire de 3ème cycle professionnel en psychologie, DESS de psychologie clinique
et pathologique de l'université d'Aix-Marseille 1, formé par ailleurs supplémentairement et en privé par et à la psychanalyse. .
J'exerce aussi par la suite en cabinet libéral comme Psychanalyste, membre de l’École de Psychanalyse des Forums du Champ Lacanien (EPFCL), et, pour un temps, délégué régional élu (du "pôle 3 : Arles, Avignon, Nîmes, Montpellier, Narbonne, Perpignan") de cette école.
Je suis désormais actuellement en retraite et, consécutivement, en un certain retrait de toutes ces activités. Ce qui ne m'empêche pas de continuer de m'y intéresser, à l'occasion et chemin faisant, en amateur tout en continuant de "cultiver mon jardin" personnel ici et là, et de rester enregistré à l'ARS de mon département sur le registre ADELI des professionnels du soin et de la psychologie (au titre de psychologue et de psychothérapeute avec le n° 13935731).
Psychologue de l'éducation nationale diplômé de psychologie scolaire de l'université d'Aix-Marseille 1, Psychologue Clinicien DESS de psychologie clinique et pathologique d'Aix-Marseille 1, Psychanalyste, ancien membre et délégué régional de l’École de Psychanalyse des Forums du Champ Lacanien (EPFCL), en retraite et en retrait de toutes ces activités.
Marié, trois filles, trois gendres, grand père de 4 petits enfants. Octogénaire….
J’ai aussi, en prolongement des études universitaires de psychologie, suivi en privé à Marseille une supervision clinique psychanalytique avec le professeur Claude Miollan. C'est un spécialiste de la formation du psychologue clinicien par le « contrôle » (supervision clinique), c’est-à-dire comme il le dit dans sa thèse sur ce sujet, par « l’impact formateur de l’élaboration des mouvements intersubjectifs de transfert-contre-transfert d’émergence de l’inconscient dans la situation de contrôle » (3). Il s’agit d’une formation personnelle et professionnelle clinique par l’impact formateur profond des effets d’analyse de la problématique personnelle du clinicien à travers ce qu’il rapporte de la problématique professionnelle de sa relation avec la problématique de son patient. Ce mode d’approfondissement de ma formation clinique à travers l’amélioration de ma propre ouverture à l’autre en moi et chez mes patients s’est effectué, en une sorte de « clinicat » pendant environ huit ans.
Comme dans une analyse, il faut en effet du temps, beaucoup de temps, pour qu’émerge, pas à pas et parfois douloureusement à travers la levée des résistances et des blocages symptomatiques contre-transférentiels, une prise de conscience de ce qui se joue profondément et inconsciemment en soi et chez les autres dans les relations psychoaffectives intersubjectives où se situe et opère l'exercice de la psychologie clinique. Et, parallèlement, il faut du temps, beaucoup de temps de "maturation" pour qu'opère un long processus de réorganisation interne induit à titre de formation dite "personnelle" propre aux effets psycho-affectifs opérants de la situation de contrôle. Il m'a fallu ce temps avant d'entreprendre de finir par une analyse personnelle d’environ cinq ans à Marseille avec le même Claude Miollan. Puis de poursuivre plus d'une quinzaine d'années au sein de l’Ecole de la Cause Freudienne (ECF) initialement, et de l’Ecole des Forums du Champ Lacanien (EPFCL) ensuite.
Ne me résolvant pour autant toujours pas à accepter l'injustice d’une sous-place faite aux psychologues et au sujet dans l’institution éducative, je me suis lancé dans une démarche syndicale. Elle me mènera d’une fonction de secrétaire départemental à celle de secrétaire national dans le cadre de l’ancien SPEN (Syndicat des Psychologues de l’Éducation Nationale). Il s'agissait d'un petit syndicat autonome et purement professionnel qui ne s'occupait que de ses affaires. Nous n'avions bien sur aucun permanent salarié, aucune décharge de service et à fortiori aucune subvention. Notre budget se limitait à la rentrée de nos cotisations.
Par la suite, privilégiant toujours la logique professionnelle par rapport à celle des grands syndicats d'enseignants, j’ai été parmi les principaux artisans de l’intégration du SPEN, syndicat « maison » propre à une institution, au sein du SNP le Syndicat National des Psychologues (cf. discours d'ouverture du congrès d'Avignon (2)): syndicat professionnel autonome et unitaire regroupant tous les psychologues, libéraux et salariés.
Puis, délaissant la voie syndicale, je bifurque alors vers une formation psychanalytique durant plus d’une dizaine d’années environ dans le cadre de l’ECF (École de la Cause Freudienne) et de l’ACF - Voie Domitienne (Association de la Cause Freudienne) d’abord, puis de l’EPFCL (École de Psychanalyse des Forums du Champ Lacanien) ensuite. J’ai accepté aussi d’être élu pour un temps délégué régional de cette école ( Pôle 3 – Avignon, Arles, Montpellier, Nîmes, Narbonne, Perpignan)
Parallèlement j’avais obtenu un poste de psychologue en CMPP (Centre médico-psycho-pédagogique) pour y exercer des consultations psychologiques et des psychothérapies analytiques d’enfants et j’avais ouvert un cabinet de psychanalyste pour adolescents et adultes à titre d’activité secondaire.
J'ai aussi collaboré avec une collègue psychanalyste et quelques autres, à la fondation et à la mise en place puis au début du fonctionnement d'une "Maison Bleue" inspirée des maisons vertes créées par Françoise Dolto.
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(1) GAPP : Groupe d'Aide Psycho-Pédagogique intervenant sur le secteur d'un ensemble d'écoles maternelles et élémentaires et composé d'un psychologue scolaire et de deux rééducateurs : un psychopédagogue et un psychomotricien. ( Les GAPP ont été remplacés par les RASED : Réseaux d'aides spécialisées aux enfants en difficulté)
(1 bis) CMPP : Centre Médico-psycho-pédagogique
(2) Discours d'ouverture au Congrès d'Avignon du SPEN (Syndicat des Psychologues de l'Education Nationale)
(3) Claude MIOLLAN – Le contrôle dans la formation des psychologues cliniciens - Les émergences de l’inconscient dans la situation de contrôle, leurs impacts formateurs. L’Harmattan. Psychanalyse et lien social
« Ce travail se veut une présentation-réflexion sur l’enseignement et la formation des psychologues cliniciens, suivi par la proposition d’un outil et d’une méthode pour permettre et approfondir cette formation.
Dans les sciences humaines, « former » ne peut se réduire à ajouter une « couche » de savoir sur celui déjà acquis en formation initiale. La prise de conscience de la relation humaine dans toute sa profondeur et sa diversité doit faire partie de la formation.
Le concept de contre-transfert servira de fil rouge dans ce cheminement. L’auteur s’appuie sur des situations vécues durant son exercice professionnel en vue de la mise en évidence et l’analyse des éléments transférentiels des patients et des éléments contre-transférentiels du soignant.
Le contre-transfert, traditionnellement repéré comme une faute technique, s’avère être aussi une résistance du soignant à l’égard de son patient. Enfin le contre-transfert peut être entendu comme une « demande » du clinicien à l’égard de son patient.
De nombreuses situations vécues seront détaillées et analysées afin de faire ressortir tous les aspects théoriques et pratiques qui concourent à la formation du clinicien. »
Faire une psychanalyse?
Franchir le pas d'aller s'adresser à un psychanalyste, comme dit Gérard Miller dans son film "La première séance", dont vous trouverez un extrait ci-dessous, c'est comme "aller voir l'envers du décors".
Non pas en tant que spectateur de cet autre de nous-même "en souffrance", ni en tant que comédien qui vient se la jouer pour se faire briller ou émouvoir, mais en tant qu'acteur trouvant le "ton juste" qui convient à ce que Freud a désigné sous le nom d' "autre scène".
En effet, c'est aller "voir" la réalité de cet envers du décors qui nous habite ( et qu'il nous reste à habiter) non pas comme on irait au spectacle, par curiosité et simple gout de savoir mais il y faut le désir décidé de franchir et dépasser une certaine souffrance de vivre pour aller mettre en jeu (et bien sûr surtout en "je") ce qui s'y joue douloureusement par devers (1) notre plein gré et que par ailleurs de toutes nos forces on s'efforce de refuser de vouloir voir et prendre en compte.
C'est donc un travail à faire pour se réapproprier ce qui, de soi-même, est resté en panne, c'est à dire en souffrance, comme un courrier qui ne serait pas parti vers son destinataire....
Non seulement ça ne se "prescrit" pas comme un traitement médicamenteux mais le plus souvent, en effet, il faut y attendre de n'avoir presque plus d'autre choix. C'est ainsi... Je vous invite à écouter ci-dessous à ce sujet ce qu'en disent de façon très juste les analysants connus interrogés par Gérard Miller, dans son beau documentaire.
Pour ce qui me concerne ma première séance fut marquée par un bon quart d'heure de retard de ma part, parce que, devant traverser tout Marseille du Nord au Sud, je rencontrai ce jour là des travaux sur ma route par la Corniche et donc une ... déviation (ça ne s'invente pas) par le centre ville. Je m'entendis dire comme premiers mots qui prirent à mes oreilles tout leur double sens : "j'ai été dévié". La première vérité était support de l'autre.
En effet, dévié subjectivement dans mon accomplissement évolutif d'un moi-même perdu et flouté dans le symptôme, fallait-il entendre comme parole de vérité et perspective de ce qui allait se jouer. Une déviation dont j'étais, certes, responsable en tant qu'être parlant, mais pas coupable au sens autopunitif de fautif. Toute la suite fut la trouvaille du chemin... la levée de la culpabilité et l'acceptation de n'être que "ce" que je suis. "Une aventure qui ne vous guérit pas de vous-même, mais vous réconcilie avec votre propre histoire" comme dit Gérard Miller dans ce documentaire, ou encore une aventure au cours de laquelle vous allez enfin assumer, accepter, utiliser, faire symboliquement fructifier votre douloureuse insuffisance, pour en faire quelque chose qui cause dynamiquement votre subjectivité, et qui donc, en vous faisant « avancer », tisse désormais le fil de votre vie.
"Faire de sa castration sujet" dit Lacan. Trouver enfin au fil des mots et des séances à faire de sa castration, en tant que malheur banal et simple effet de la structure symbolique du langage inhérent à la condition humaine, non plus un empêchement à vivre et des "raisons" de blocages symptomatiques mais un « pousse à désirer », soit un opérateur du désir de vivre et la cause assumée d'un soi qui ne nait que de ça et qui n'est que ça. A la fois pas « tout » et même pas grand-chose, mais par là-même et de façon opératoire, possiblement beaucoup !
M.B.
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