Michel Berlin
Psychologue
Le 24 juin 1995
Madame Odile BOURGUIGNON
Coordinatrice du groupe de
concertation
AEPU-ANOP-SFP sur la déontologie
Mesdames et Messieurs les membres de la commission éducation
32 rue Serpente - 75006 PARIS
Madame, Chers collègues,
Regrettant de ne pouvoir participer à la journée nationale du 24 juin, je désire néanmoins faire part des observations suivantes relatives aux travaux de la commission éducation dont j’ai eu connaissance en tant que membre du SPEN.
Les élaborations produites par la commission éducation me semblent devoir être complétées par des observations tirées de l’éthique propre aux démarches et modèles cliniques d’exercice de la psychologie dans le champ éducatif relevant de la responsabilité de choix du psychologue. Quel que soit le champ d’exercice, on devrait pouvoir considérer sur le modèle des dispositions statutaires existantes que « les psychologues étudient et traitent, au travers d’une démarche professionnelle propre, les rapports réciproques entre la vie psychique et les comportements individuels et collectifs afin de promouvoir l’autonomie de la personnalité ».
J’ai eu personnellement l’occasion de développer les conséquences institutionnelles d’une éthique du sujet dans le champ éducatif, dans une intervention à paraître à l’occasion du colloque euro-éthique de décembre 1994 à Marseille (l’autre écoute du psychologue : une éthique du sujet et un envers supplémentaire de la pédagogie) et dans des articles publiés notamment dans le journal du SPEN (logique et éthique psychologiques et logique pédagogique des réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté - janvier-février 93 p.14).
En effet, dans le cadre de ces démarches cliniques visant à prendre en compte et mobiliser pour un travail d’évolution le désir propre et la parole du sujet, il importe de bien distinguer la demande consultative de ce dernier de toute commande tierce dont il serait l’objet et dont le psychologue serait l’instrument collaboratif.
L’éthique clinique étant une éthique du sujet ayant à réaliser son accomplissement symbolique suppose l’inscription de l’exercice de la psychologie en champ éducatif non pas dans des commandes tierces mais dans le cadre d’un engagement dans une demande consultative de l’enfant et de sa famille, dépassant la procédure administrative insuffisante d’un simple « accord » passif oral ou écrit.
La déontologie première du psychologue exerçant en institution selon une démarche et des modèles cliniques transversaux à tous les champs et non pas réservés aux institutions de soin devrait garantir le public de la nécessité éthique que la commande tierce se borne à offrir un espace d’accueil, d’analyse et d’élaboration confidentielle de la demande de personnes librement consultantes auxquelles le libre accès direct au psychologue serait garanti.
Veuillez agréer, Madame et chers collègues, mes meilleures salutations.
Michel Berlin
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